Direction New-York pour découvrir 2 installations temporaires : la Color Factory & Snark Park. Très différentes l’une de l’autre, elles font tout de même partie de cette nouvelle tendance des « pop up museum », « égomusée », « art pop up », « musées instragram » & autres installations artistiques qui font fureur du coté des millenials, de la génération Z & sur les réseaux sociaux, bien évidement.

COLOR FACTORY

La Color Factory a été fondée en 2017 par Jordan Ferney (blogueur), Leah Rosenberg (artiste) & Erin Jang (designer), dans une volonté de faire « quelque chose de beau à vivre ». La première Color Factory, établit à San Francisco ne devait durer qu’1 mois mais face au succès de l’installation, elle a finalement duré 8 mois & depuis 2018 s’est exportée à New-York, dans le quartier de SoHo.

Bien que tout soit fait pour être photographié, chez Color Factory on aimerait que tu ranges ton téléphone (ou ton appareil photo) & que tu profites « pleinement » de l’expérience. Pour cela, dans la première salle (juste après un brief digne d’un club med/village de vacance, un peu déstabilisant) on s’enregistre & on récupère une carte avec un QR code relié à notre courriel. Il ne reste plus qu’à scanner la carte dans chaque salle (ou pas, c’est selon ton envie hein, on ne te force pas non plus, pas de panique!) pour immortaliser le moment & hop … la photo est envoyée dans notre boite mail!

Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas aux photos. Color Factory est une expérience en 16 salles, de l’entrée (où l’on t’accueille tout sourire & en combinaison unie et colorée à déguster un moshi glacé en attendant ton tour) jusqu’à la sortie (avec une boutique de goodies et de livres, digne des musées d’art contemporains). On observe, on touche, on sent, on goute, on écoute.  On dessine & on danse.

Mes 4 salles préf’ :

• L’installation de l’écrivaine Molly Young — Une salle avec des cheminements à choix multiples, du sol aux murs, qui aboutissent à un petit isoloir où te sera communiqué TA couleur selon tes choix précédents (le vert des yeux de Tom Cruise pour moi. C’est con, je déteste Tom Cruise)
• La salle à dessiner — Face à face, il faut dessiner son binôme assis de l’autre coté de la vitre. Faire son portrait en ne le quittant pas des yeux, créer sa palette de couleurs & d’humeurs
• Les vitrines d’objets du quotidien — plusieurs objets sont présentés, des objets du quotidien, des objets actuels. Comme si, projetés dans le futur on découvrait les objets d’une civilisation ancienne (des objets trouvés dans les océans et les mers, l’évolution des bouteille de parfums de Jean Paul Gaultier…)
• La piscine à boule de CACTUS — Bon là c’est clairement 30 années de frustration accumulées qui ont été satisfaites. Ma mère nous a toujours interdit de mettre ne serait-ce qu’un orteil dans ce genre de piscine à microbes. Avec du recul, je la comprend… mais on était malgré tout comme des dingues !

Color Factory
251 Spring Street, New York
Entrée : 38$

https://www.colorfactory.co/ — @colorfactoryco

Note : Il est nécessaire d’acheter les billets en avance avec une date & heure précise. Et c’est plutôt agréable car on rentre par vagues et même si on peut rattraper le groupe précédent, cela permet de ne pas être 150 dans les salles (& dans la piscine à boule).

SNARK PARK | LOST & FOUND

SnarkPark est une installation de Snarkitecture, un bureau d’archi qui donne dans l’esthétique du blanc & du minimaliste (les magasins KITH ? c’est eux). L’exposition Lost and Found s’est installée depuis mars 2019 dans le nouveau centre commercial Hudson Yards, derrière le Vessel (tu sais, ce grand escalier couleur cuivre, au bout de la High Line). Sur le papier, l’expo est un labyrinthe, une forêt enchantée… une EXPÉRIENCE SENSORIELLE. Oui, mais non.

En rentrant dans cette salle immaculée, on déambule sans trop savoir ou aller ni quoi faire. On se disperse, on se perd, on se cherche. On découvre les fameuses colonnes blanches qui referment dans leurs intérieurs, différentes textures. Fausse moumoute, balle de ping-pong, miroirs, perles & polystyrène. Et puis on sait finalement ce qu’on peut faire… DES PHOTOS. That’s it, that’s all.

Il y’avait aussi des jeux de société disposer ici & là. Un peu étrange. Qui va dans ce genre d’endroit pour faire une partie de morpions ou de dame ?

Bref, rien de ouf ! C’est juste graphique & « instagrammable »

SnarkPark,
20 Hudson Yards, Level 2, New York
Entrée : 19$

PS: Il n’est pas nécessaire de prendre les places en avance

MON AVIS SUR CES NOUVEAUX « MUSÉES INSTAGRAM »

Oui, tout est calculé, organisé, aménagé, pensé pour prendre des photos et/ou instagrammer. Et puis ? C’est grave Docteur ? Si c’était ça l’avenir des expos/musées ? Qu’ils soient plus vivants, plus accessibles, qu’on puisse toucher pour de vrai et pas juste « toucher avec les yeux » ? Et si cela visait/sensibilisait un autre public, un public plus jeune, qui on le sait, est un peu réticent à l’idée de passer un dimanche aprem’ au musée. (Attention, je ne parle pas ici des espaces comme Snark Park, qui sont un peu « vide de sens ». Non je parle des musées pop up comme Color Factory, qui malgré tout, présentent des artistes et leurs travaux.). Et puis, de toute façon, dans N’IMPORTE QUEL musée, traditionnel ou pop up, les visiteurs prennent déjà des milliers de photos & de selfies.

Les musées traditionnels & galeries surfent également sur la vague « instagram ». Tout grand musée a son compte instagram et son propre hashtag. Certaines galeries se mettent même à indiquer sur l’étiquette ou figurent les info de l’œuvre, un # !!

J’en profite pour faire un micro point sur Instagram (& l’art). Il y’a quelque chose qui me chagrine un peu, c’est la connotation négative qu’Instagram est entrain de prendre. Avant on parlait d’une chose photogénique et c’était positif. Aujourd’hui on dit « c’est instagrammable » et ça résonne négativement pour la majorité des gens. Mais pourquoi en fait ? (vous avez 1h00) Personne ne prenait de photo avant l’existence des réseaux sociaux? On prendrait des photos seulement pour les poster sur instagram? Je ne pense pas.

Bref, Instagram ce n’est pas que de l’égocentrisme, c’est aussi une vitrine pour les artistes, un tremplin pour certain, un moyen de suivre ses artistes contemporains préférés, un nouvel acteur du marché de l’art & un moyen plus facile d’y accéder…

Bon ok, on s’est un peu éloigné du sujet de base. Déso.
(Un dernier mot, je pense qu’il y’a de la place pour tout le monde, musées traditionnels ET musées instagrammable, et que l’un n’empêche pas l’autre de vivre, donc tout va bien! Bisous)

POUR ALLER PLUS LOIN

• À écouter : L’art est-il Instagrammable ? Bonbons, licornes et bouquet de fleurs s’invitent dans les galeries, Podcast Le Super Daily, 17 octobre 2019
• À lire : Bienvenue à l’égo-musée : l’essor des usines à égoportraits, LaPresse, 3 novembre 2018
• À lire : Instagram, nouvel acteur du marché de l’art, Le Monde, août 2015

« MUSÉE-INSTAGRAM »
& AUTRES POP UP, AILLEURS

• Museum of Sweets & Selfies, Budapest
• Museum of Selfies, Los Angeles
• Egg House, Shangaï, New-York, Los Angeles
• Musem of Ice Cream, San Fransisco et NYC
• HideSeek,à Montréal cet automne (2019)

Et toi, tu en  penses quoi de cette nouvelle tendance ?
Plutôt musée traditionnel ou « musée instagram » ?
En as-tu déjà visité un ?